DIANE RONDOT PHOTOGRAPHY
ARGENTIC CARBONE
Je les avais oubliés.
Pourtant ils n’étaient pas loin, rangés au fond d’une valise métallique dans un coin de mon bureau. Il suffisait de l’ouvrir.
Ce jour-là de septembre, j’ai ressorti mes appareils photo argentiques, le Minolta que j’avais acheté à 12 ans et le Nikon. Il y avait même des vieux films, qui attendaient depuis toutes ces années. Je les ai pris en main, touchés, soupesés, caressés, manipulés. Ma décision était prise.
Pour mon premier sujet, je voulais une résonance, un lien physique, organique, même s’il était symbolique, entre l’histoire que j’allais esquisser et mon « nouvel » outil.
L’idée a germé. Les sels d’argent de la pellicule noir et blanc serviraient à dévoiler les paysages du Nord de la France, ancien bassin minier du Nord Pas de Calais qui s’étend de Béthune à Valenciennes. Sels d’argent et carbone.
Territoires façonnés par l’histoire de l’extraction du charbon pendant trois siècles, depuis les entrailles de la terre jusqu’au ciel, du fond des fosses creusées à mille mètres de profondeur au sommet des terrils, montagnes de terre noire érigées par les mineurs, qui hérissent les vastes plaines.
A quoi pouvait bien ressembler cette région, aujourd’hui rebaptisée Hauts de France, certes frappée par la crise économique après la fermeture des usines, mais riche d’un patrimoine culturel exceptionnel, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, en pleine renaissance avec l’implantation du Louvre Lens et le développement de la métropole européenne lilloise.
J’avais voyagé en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, en Europe, en Asie et en Indonésie, mais jamais je ne m’étais aventurée dans ces contrées.